« Autorité », un gros mot ?

Aujourd’hui, l’autorité fait l’objet de suspicion. Si tous conviennent qu’il ne peut y avoir de vie sociale sans un minimum d’autorité, son exercice est devenu un art délicat. La question rejaillit sur l’Église souvent entachée d’avoir un peu trop usé de son corollaire, l’obéissance.

Qu’en est-il de l’action pastorale aujourd’hui ? D’abord, il est utile de retourner à l’étymologie du mot où l’on retrouve toute une dynamique de croissance, de promotion, de création même. Il y a une force dans l’« ADN » de l’autorité qui en fait un puissant instrument positif et, dans le cas présent, précieux pour la mission. Pour bien le comprendre, un petit détour par la théologie paulinienne du corps ecclésial est éclairant. « Et par lui (le Christ-tête), dans l’harmonie et la cohésion, tout le corps poursuit sa croissance, grâce aux articulations qui le maintiennent, selon l’énergie qui est à la mesure de chaque membre. Ainsi, le corps se construit dans l’amour. » (Ep 4, 16) L’Église y est présentée comme une communion organique. À la manière du Christ-tête, l’exercice du ministère est tout orienté vers la communion et la mission. Pour ce faire, l’autorité qui est déployée nécessite un véritable décentrement. Il ne s’agit pas de s’en référer à un chef et, en bon subalterne, de lui obéir en raison de sa fonction. Il appartient à ceux qui exercent la responsabilité pastorale de se décentrer totalement vers cette portion du Peuple de Dieu appelée à grandir dans la communion et à devenir toute entière missionnaire. Toute leur autorité est orientée vers ce seul but : que l’Unité Pastorale devienne ce lieu où résonne l’appel fondateur et permanent qui fait l’Église et permet à chacun d’y prendre sa place en répondant à sa vocation singulière ; cet espace relationnel où s’expérimente la charité dans la promotion mutuelle ; cette oasis évangélique où la communion se construit dans la diversité des charismes et des fonctions.

Les structures de participation soutiennent le tonus missionnaire des unités pastorales. Les conseils pastoraux permettent à l’autorité de recueillir le fruit du sens de la foi, ce « flair » dont est dotée l’Église lorsque, dans la diversité de ses composantes, elle discerne, sous l’action de l’Esprit, les chemins à emprunter pour répondre à l’appel du Seigneur, aujourd’hui. Avec le pasteur et sous sa responsabilité, l’Équipe Pastorale sera particulièrement attentive aux articulations du corps ecclésial afin que, dans la communion, il soit tout entier sel de la terre et lumière du monde.