

Le renouvellement de l’Équipe Pastorale :
une étape importante dans le cheminement d’une Unité Pastorale
(février 2022)
Ce dimanche 20 février 2022 à Tenneville, dans le doyenné de Nord-Ardenne, a eu lieu l’un des renouvellements prévus cette année dans notre diocèse. Et on peut bien parler de RENOUVELLEMENT, tant cette étape qui requiert en amont une profonde réflexion suivie de discernement en plusieurs phases, amène la communauté tout entière à recevoir ce que l’on pourrait dire de manière imagée « de nouveaux ressors fixés et adaptés au matelas de la vie paroissiale » 😉 La partie visible, c’est cette équipe pastorale appelée à travailler à la vigne, prenant appui sur le travail pastoral des trois années antérieures, à la lumière des priorités actualisées, acceptant de partager la charge pastorale avec son curé dans un esprit de service et d’engagement concret. Mais c’est toute la communauté qui est invitée à grandir et à devenir pleinement chrétienne, au sens fort du mot.
Laissons parler d’elle-même la prière exprimée à haute voix par l’assemblée de l’Unité Pastorale de Champlon-Tenneville réunie ce jour-là autour de son pasteur et de sa nouvelle équipe :
« Aujourd’hui, par cette célébration, nous renouvelons ce qui se passait dans l’église primitive. Animée par l’Esprit, elle envoyait avec joie quelques-uns de ses membres pour encourager leurs frères dans la foi et pour témoigner du Christ. Elle confiait des responsabilités à quelques-uns de ses membres pour que tous vivent davantage selon l’Évangile. Nous te prions, Seigneur, pour l’Équipe Pastorale que tu envoies aujourd’hui. Donne aux membres de l’équipe d’exercer ensemble leur responsabilité au service de la communion et de la mission de notre Unité Pastorale. Qu’ensemble, au sein de notre diocèse, nous devenions tous des ferments de vie évangélique, sel de la terre et lumière pour le monde. Amen. »
Nous souhaitons de tout cœur à chacune et chacun ainsi qu’à l’équipe pastorale et à l’ensemble de l’Unité une belle route sur les chemins du monde d’aujourd’hui qui traversent ce petit bout de terre famennoise.

Et plus largement, merci à toutes celles et à tous ceux qui acceptent dans la durée, dans tout le diocèse et au sein de l’Église universelle, d’être ouvrier engagé volontaire, membre à part entière d’une équipe pastorale ou autre.
Le renouvellement des équipes pastorales (décembre 2019)
Avec les beaux jours et le soleil qui révèle ce que le temps a marqué de son passage, nous éprouvons le besoin de rafraîchir, redonner des couleurs, ranger, trier et réorganiser notre environnement de vie. Parfois même, le courage nous pousse à attaquer cave et grenier. Quelle entreprise (surtout si on a tardé à le faire ! ) mais quels bénéfices en tire-t-on ensuite ! Il en est de même pour notre vie et notre environnement spirituels. Avec l’expérience de « l’après-Vatican II » et l’attention aux signes des temps, force est de constater que le renouvellement partiel d’une équipe en place la redynamise si, bien sûr, chaque étape se fait avec discernement et sérénité.
Le regard neuf des nouveaux membres associé à la solidité de l’expérience des membres réélus offre une réelle opportunité de croissance. L’enracinement de l’action missionnaire dans la fraîcheur toujours actuelle et incarnée de l’Évangile, Bonne Nouvelle pour aujourd’hui, fonde notre appel de baptisés dans l’Église dont le Seigneur est lui-même la pierre angulaire, à travers les temps.
Pourquoi un mandat de trois ans ? Nous vivons une époque où la situation évolue de plus en plus rapidement, souvent bouleversée par de nouvelles conditions familiales, professionnelles ou autres. Aussi, la plupart de nos contemporains, même parmi les plus généreux et confiants, optent plus volontiers pour un engagement inscrit dans un temps raisonnable, se sentant ainsi autorisés et libres de le prolonger s’ils le peuvent et le désirent encore.
Cet état de fait évite en outre le glissement insidieux du service désintéressé et efficace d’un bénévole, à la fixation péremptoire d’un pion indéboulonnable. Situation malheureusement fréquente, qui finit par asphyxier et atrophier la mission. Aujourd’hui, dans les conditions pastorales qui sont les nôtres, il nous faut initier une culture de l’appel dans la fidélité au Seigneur et Maître de l’histoire. Nous sommes appelés à former une Église « en sortie », une Église qui appelle, condition pour une « transformation missionnaire de l’Église ».
Témoignage : Agir en équipe, vivre en Église : Abbé Donatien Tampwo Mfudi (mars 2019)

Après quatre ans de ministère à Manhay, nous avons amené petit à petit les chrétiens à se sentir concernés par la vie de leurs églises du village et de leur secteur en général. Ils se sont sentis responsables du bien vivre ecclésial. Cela passe d’abord par un travail en équipe au niveau des prêtres et ensuite au niveau de l’équipe pastorale et enfin au niveau de toutes les commissions et groupes pastoraux.
Nous avons vite réalisé que le problème à Manhay n’était pas théologique ou même philosophique ; le problème pour son décollage pastoral était de développer un esprit d’équipe. En général, chacun assumait sa tâche avec toutes les bonnes intentions possibles, et selon ses capacités : le prêtre, le trésorier, la chorale des jeunes, Catéchèse, liturgie, le groupe de prières, de pèlerinage etc. Chacun voulait s’engager et faire vivre nos paroisses. Mais travaillaient-ils vraiment ensemble ? Dans le sens « un pour tous, tous pour un ».
L’esprit d’équipe, l’apôtre Paul l’exprime de façon claire et nette. Dans un célèbre passage de l’épître aux Éphésiens, il affirme que chaque ministère a pour but d’édifier le corps dans son ensemble et de former chaque membre en vue de son service rendu au Christ (Ép 4.11-13). Comment développer une équipe efficace ? Et quels en seront les bénéfices ? Ces questions se posent, surtout dans nos églises du village, où l’on considère souvent que le prêtre doit tout faire et tout organiser et même temps comme quelqu’un qui finira par partir, qui vient pour évangéliser, pour conduire le culte et pour prier avec les gens en difficulté. Il fait donc son boulot et il est payé pour cela. Cette manière de penser ne favorise nullement l’intégration des autres membres dans cette mission. On regarde les affaires de l’Église comme celles du prêtre et celles de la communauté, tous baptisés qui formons l’Église.
L’Église n’est pas une affaire ou une entreprise personnelle du prêtre qu’il doit organiser à sa guise, sans participation des laïcs. Car il y a, à mon avis, beaucoup de bonheur pour tous de travailler en équipe. Avant de se mettre à développer un travail en équipe, il faut que le pasteur et les conseillers en comprennent la valeur immense. Il ne s’agit pas seulement de devenir plus efficace dans le travail, mais encore de refléter davantage les intentions du Seigneur pour son Église : fonctionner comme un « corps ». Cette image renvoie, non seulement à une diversité de fonctions mais aussi à une cohérence dans la mission à mener ensemble.
Un autre aspect de cet avantage est que des préjugés et les murs tombent et on se découvre mutuellement frères et sœurs en Christ. Des potentiels conflits sont désamorcés, d’autant plus que nos différences sont causes de joies, mais aussi de nos manques d’harmonie. Du coup, la vie et la confiance renaît en chacun et à tous. Enfin la beauté de vivre, d’annoncer et de célébrer en communauté fait la joie de suivre le Christ.
Un des aspects le plus important est l’unité dans la direction (équipe d’animation pastorale) qui fournit la base pour maintenir l’unité dans toute la communauté chrétienne. Dans les Églises primitives, des rapports tendus, ethniques et culturels, ont menacé de briser en éclats l’harmonie existante. Or, les dirigeants de l’époque se sont efforcés de prendre une position unie, et c’est cela qui a empêché les Églises de se désagréger dans des factions et de se diviser (cf. Ac 15.5-21). Quand le pasteur et le conseil travaillent ensemble pour résoudre des problèmes et qu’ils développent un consensus sur des questions pastorales problématiques, cette attitude va se répandre dans toute la communauté. Par conséquent, nombre de conflits seront étouffé dans l’œuf. Cette attitude va rassurer les responsables, leur montrer qu’ils sont sur la bonne voie et augmenter la confiance dans la communauté.
Pour chercher l’unité il n’est pas nécessaire d’avoir le même avis sur tous les sujets, même pas sur les questions qui font débat. L’unité et le consensus émergent dans la mesure où le pasteur et le conseil se respectent et s’écoutent mutuellement, et que chacun se montre capable de passer outre ses propres idées, dans l’intérêt du plus grand nombre.
Dans toute la Bible, le leadership était partagé par plusieurs, de sorte que la charge ne reposait pas sur les épaules d’une seule personne. Suivant le conseil de Jéthro, Moïse a cherché des hommes capables de l’assister dans la surveillance du peuple (Ex 18.13-27). Jésus a recruté douze apôtres pour surveiller l’édification de l’Église. Barnabas a recruté Paul afin de l’aider dans la direction de la nouvelle Église à Antioche (Ac 11.22-27). Servir dans l’Église, ce n’est pas une performance de superstars talentueuses mais un « sport d’équipe ». Quand les responsables savent partager les charges avec d’autres personnes et que les équipiers savent s’encourager les uns les autres, la base du leadership s’en retrouve élargie.
Puisque nous vivons toujours avec notre nature pécheresse, nous avons besoin d’autres personnes afin de pallier nos manquements et nos faiblesses. Personne n’a suffisamment de talent et de spiritualité pour être un serviteur « complet ». À cause de nos erreurs, nous avons besoin de la correction des autres. En travaillant ensemble, c’est la diversité qui fait notre force (1 Co 12). Paul, un homme zélé et très volontaire, avait besoin de la compassion d’un Barnabas afin de trouver l’équilibre dans le ministère (Ac 15.36-41). Ayant la parole difficile, Moïse avait besoin de l’éloquence d’un Aaron (Ex 6.30-7.2). Même dans son état parfait avant la chute, Adam avait besoin d’Ève qui lui servait de vis-à-vis (Ge 2.20). Quand différentes personnalités collaborent, chacune avec ses talents, son arrière-plan et ses opinions, elles dépassent leurs points faibles, et leurs points forts seront au bénéfice de tous.
Un autre avantage est la stabilité dans l’organisation pastorale. Le départ du pasteur est un des moments les plus difficiles pour une communauté locale. Or ce départ sera beaucoup moins déstabilisateur si le pasteur a développé l’esprit d’équipe et que tous les conseillers sont impliqués dans la direction de l’Église. Josué était capable de prendre la relève de Moïse et de mener la conquête du pays de Canaan, parce qu’il avait déjà été impliqué dans la gouvernance du peuple du temps de son prédécesseur (Ex 17.9-14 ; 24.13 ; Dt 1.38). L’Église primitive s’est remarquablement développée parce que ses dirigeants avaient déjà porté des responsabilités avant l’Ascension de Jésus. C’est ainsi l’implication de nombreuses personnes de notre unité pastorale est une preuve que le corps du Christ est renouvelé et l’espérance chrétienne trouve toute sa signification.
Il permet une meilleure connaissance et un suivi des personnes ou des cas pastoraux. Depuis un temps nous nous rendons bien que beaucoup de soin sont portés pour des personnes ou des cas qui demandent de l’attention. On a cessé de désigner telle ou telle autre personne de l’équipe pour le suivi d’une personne malade, en besoin d’écoute ou des cas pastoraux à résoudre.
Ce travail en équipe nous permet aussi de célébrer les moments forts de notre vie de foi et humaine ensemble. Depuis un temps nous avons ressenti la bonté et le bien spirituel de célébrer ensemble en secteur. La commission liturgique et notre chorale du secteur n’a cessé de nous offrir le meilleur d’eux –même pour vivre intensément des célébrations fortes chez comme à Noel, Pâques, sacrements, pèlerinage de rentrée pastorale, rentrée du catéchisme mariage et funérailles etc. C’est bel et bien une plus-value de rassembler ses troupes et de les amener au front.
Dans tout cela, le pasteur ne perd pas sa place. Il redevient plus efficace, un vrai manager, un coordinateur. Il est toujours proche de ses brebis, un accompagnateur, un guide, un véritable sapeurpompier dans la vie de ses ouailles. Qu’il est bon et beau pour des frères de demeurer ensemble dans le travail, la prière et la fraction du pain.
Abbé Donatien Tampwo Mfudi Curé de l’Unité pastorale Manhay – Saint-François
Témoignage :
L’expérience d’une équipe pastorale subitement privée de son curé
(juin 2016)
Notre Équipe pastorale (EP), composée du curé, du vicaire et de 4 laïcs, a été installée fin 2011, au service de notre Unité pastorale (UP) qui regroupe 6 anciennes paroisses représentées au sein du CUP (Conseil d’Unité pastorale).
Lorsque nous avons appris que notre curé ne pouvait plus assumer sa mission, nous nous sommes réunis en urgence et avons pris contact avec le doyen et l’évêché. Nous avons convoqué un CUP extraordinaire et l’EP a présenté les priorités de la gestion quotidienne, suivant les urgences. Ainsi,
- L’EP a contacté les différents services pour que soient bien vécues les activités prévues à court
terme, par exemple la retraite pour les enfants préparant leur profession de Foi, avec une
soixantaine d’enfants. - Nous avons aussi veillé à encourager les différents acteurs dans leur mission propre (ex ; les
catéchistes, l’équipe liturgique, les laïcs qui assument la liturgie des funérailles…). - À plus long terme, l’EP a dû gérer le calendrier et la programmation des célébrations avec les
responsables de l’équipe liturgique. - Nous avons mis sur pied des formations pour deux projets décidés préalablement par le CUP,
concernant les funérailles et la catéchèse communautaire. - Le vicaire devant assumer toutes les célébrations des WE en plus des mariages, baptêmes et
funérailles, l’EP a fait le choix de regrouper les paroisses dans 2 lieux de cultes au lieu de 4, ce
qui n’a pas toujours été bien accepté. - À notre mission d’encouragement et de gestion, des imprévus sont venus s’ajouter : des
problèmes d’administration de locaux paroissiaux suite à la démission d’un membre actif, la
réflexion sur la création d’une asbl de l’UP, des conflits humains à entendre et à essayer de
gérer au mieux.
Cette expérience imprévue nous a permis de prendre mieux conscience de l’importance de quelques
aspects de notre mission d’EP :
- Si le curé est le ciment de l’EP, en cas d’absence, les autres membres de l’EP exercent
solidairement leur mission. - Une bonne entente et une communication efficace entre les membres de EP est le gage du
bon exercice de la mission. - L’importance de maintenir un équilibre entre les différentes paroisses et, si des habitudes
doivent être bousculées, d’informer sur les raisons de ces changements. - L’établissement d’un calendrier de l’année pastorale en tenant compte des évaluations
précédentes. - Nous devons aussi prospecter et être attentifs à préparer l’avenir, car la réalisation de projets
qui demandent à la fois un appel à des animateurs et une période de formation peut être
longue.