

Mission et proximité (janvier 2023)
Comment rendre notre Église plus synodale ? Comment être cette Église chaleureuse, conviviale que nous souhaitons de toutes nos forces, comme l’a montré la démarche synodale dans le diocèse ? Pour le Pape François, le Synode est l’opportunité de devenir une Église de proximité, car ‘la proximité, c’est le style de Dieu’. D’ailleurs, l’intention de prière du mois d’octobre était : ‘Prions pour que l’Église, fidèle à l’Évangile et courageuse dans son annonce, vive toujours la synodalité et soit un lieu de solidarité, de fraternité et d’accueil.’
L’équipe diocésaine a choisi comme thème d’année ‘Mission et proximité’. La configuration essentiellement rurale de notre diocèse nous interpelle : comment se faire proche, comment promouvoir l’écoute, comment favoriser la fraternité ? Nous rêvons que tous, prêtres et laïcs, diacres, assistants paroissiaux, cherchent à rejoindre chacun gratuitement, même dans le plus petit des hameaux, le plus reculé des quartiers… Nous voulons être réellement une Eglise en sortie !
Dans cette perspective, l’équipe s’est donné le temps de découvrir des expériences où proximité et mission se conjuguent. Avec le projet ‘En route pour la mission’, le diocèse voisin de Reims-Ardenne propose une dynamique résolument missionnaire, ainsi des fraternités de proximité sont appelées à se constituer dans les paroisses, par village, par quartier ou immeuble. Deux ou trois familles, un couple, une personne seule veulent incarner l’Évangile dans leur lieu de vie et en être ‘le signe repéré et reconnu’. En Lozère, le diocèse de Mende promeut les ‘visitations’ : les prêtres avec les équipes locales prennent régulièrement une journée pour aller à la rencontre des habitants d’un village et des réalités qui s’y vivent.
Dans le diocèse de Tournai, l’Abbé Xavier Huvenne, responsable de l’UP de Beaumont, ose des initiatives nouvelles pour réinventer la proximité. Lors de ‘pastorales itinérantes’ dans les villages, il propose une prière du matin à l’église, des visites à domicile, des temps de rencontre et l’eucharistie suivie d’un moment de convivialité. Par ailleurs, par des visites à des publics ciblés il a déjà pu rencontrer tous les commerçants et tous les agriculteurs et proposer une célébration à leur intention.
Et chez nous ? Quelles initiatives pour être une Église missionnaire proche de tous ?
La proximité en péril ? (décembre 2022)
Si vous tapez « proximité » sur un moteur de recherche, vous apprendrez qu’elle est en péril. En effet, vous pourrez y lire « le commerce de proximité en péril », « la médecine de proximité en péril », etc. Serait-ce l’aube d’une autre crise encore ? Les communautés chrétiennes sont invitées à sortir, à aller à la rencontre des autres, nos proches, notre « prochain » …
L’hiver, les longues soirées avec de beaux moments en famille pour certains, une solitude redoutable pour d’autres. En outre, la crise énergétique fragilise considérablement l’équilibre économique de beaucoup sans doute au détriment de la convivialité.
L’ancienne tradition rurale de se rendre les uns chez les autres pour des veillées remplie d’histoires, de jeux de cartes ou de bavardages est tombée en désuétude avec l’arrivée de la télévision dans les années 1960. Serait-ce que, même dans nos vertes provinces, on perde cette culture de la proximité qui était comme une marque de fabrique ?
Heureusement, la vérité exige que l’on rende hommage à toutes celles et tous ceux qui travaillent dans le service aux personnes : infirmières à domicile, aides familiales, service des repas à domicile, … et j’en passe. Ils sont nombreux, heureusement.
La question se pose, néanmoins, d’une gratuité au sein des relations de proximité. Se rendre proche de l’autre est au cœur de la tradition chrétienne comme un impératif catégorique. Le mot « prochain » revient sans cesse dans la bouche de Jésus comme une invitation à développer un style de relations et à cultiver une qualité d’attention aux autres. Je ne peux me revendiquer de l’Evangile en étant indifférent à ceux qui m’entourent, à leur devenir et à leur bonheur. Comme un grand vent qui pousse à sortir de soi, le message du maître de Galilée nous invite sans cesse à aller les uns vers les autres, à prendre soin les uns des autres.
En cette époque de fusion et de restructuration à tous les niveaux, il s’agit pour les chrétiens de réinvestir à nouveau des relations où chacun est pris en considération, reconnu, aimé et visité. Alors que, l’unité pastorale devient la nouvelle manière de vivre en Église et d’assumer la mission reçue de Jésus, les chrétiens, là où ils vivent, doivent rivaliser de créativité pour faire reculer l’indifférence. De belles initiatives sont prises de-ci delà qui incarnent l’invitation du pape François à sortir des murs des églises. L’enjeu est d’expérimenter.
l’Évangile dans son lieu de prédilection : les relations interpersonnelles. C’est pourquoi, une pastorale missionnaire s’efforce de rejoindre les gens dans leurs préoccupations, confiante que l’Esprit Saint travaille tous les cœurs.
Équipe de proximité : pour le goût de l’autre
Témoignage (juillet 2019)
Avec les Unités pastorales, nous voici invités à de nouvelles appellations. Les équipes paroissiales, inter-paroissiales sont ”équipes de proximité”.
Un changement de nom marque la refonte d’un projet, le déplacement d’objectif. Qu’en est-il pour ces petites équipes depuis longtemps dans le paysage d’Église ? Quel changement ? Quel est le label attendu ? Le déplacement de rôle ? Quelle conversion… pour quel avenir ?
La proximité c’est la présence du proche, du prochain : une question de place et de rencontre, une question de demeure et d’accueil, une question d’humanité, une embrassée d’Évangile. Le Samaritain de la parabole est réponse à la puissante question : mais qui est mon prochain ? Celui dont je me fais proche, à qui je donne place, pour qui je rature mon agenda ! Dans le tourbillon de la vie, l’équipe de proximité se profile comme un espace où les partenaires se relient, dans une place de dignité augmentée. Mes proches, mes voisins, et tous ceux dont je peux croiser le regard sont partenaires privilégiés. Pas de liturgie, pas d’honneur particulier, pas de savoir qui écrase, pas de pouvoir qui impose : la rencontre nue dans la lumière et la poussière d’un chemin de reconnaissance. Pas de trône mais des sièges pour tous, et d’autres en préparation.
”Nous viendrons chez lui, nous habiterons chez lui” ! Cette parole goûteuse mise dans la bouche de Jésus est à découvrir encore et encore ! Si Dieu se fait proche, il n’attend pas dans son ”jardin”, il entre dans la maison et vient l’habiter ! Intéressant de chercher à comprendre cette audace. Et si l’équipe de proximité était une étape de cette route ? Oser habiter vraiment la demeure de ceux qui partagent notre temps ! Non pas l’arranger à notre mode mais l’habiter d’écoute en se laissant cueillir et accueillir.
Autre visage encore, celui qui transfigure en humanité profonde. La proximité n’est pas d’un club, d’une élite, d’un chœur de justes notes, d’une assemblée d’excellence… c’est la rencontre de bouts de chemins, le partage des doutes et des joies, des confiances et des tremblements à la périphérie de nos heures vivantes. S’approcher des humains, où peu s’arrêtent, tenter d’y faire demeure, nourrir ce goût de l’autre à la fleur d’Évangile, capable de transfigurations d’Église !
Quand, sur le coup de 20 heures, les participants arrivent pour la soirée d’équipe, je sens la joie se mettre à table…
Hubert Batteux, membre d’une équipe de proximité